Prélèvements obligatoires : un choix de société
Sommaire
1. Fallait-il baisser les impôts ?
2. Des baisses injustes et inefficaces
3. La privatisation des prélèvements par Jean Gadrey.
Il y a quelques mois, France 2 consacrait dans son journal de 20 heures deux reportages enthousiastes au modèle suédois d'aide aux personnes âgées dépendantes. L'aide à domicile, solution privilégiée, y est publique, presque gratuite, et le domicile est équipé gratuitement en lit et matériels adaptés. C'est un droit pour tous. En cas de dépendance trop élevée, les maisons de retraite médicalisées sont elles aussi publiques, accessibles à des prix dérisoires, en dépit d'un encadrement deux fois plus important qu'en France. Comment cela est-il possible sur un plan économique ? Réponse à cette question, et à bien d'autres non moins cruciales pour le bien-être : grâce aux prélèvements obligatoires et à leur contrepartie, les dépenses publiques.
1. Fallait-il baisser les impôts ?
Qu'il s'agisse du budget de l'Etat ou de la protection sociale, le diagnostic actuellement dominant est que, pour réduire les déficits et les dettes, il faut dépenser moins. Pourtant, les déficits publics d'aujourd'hui résultent largement de décisions passées consistant à se priver de ressources fiscales ou sociales. Des décisions imposées par le dogme économique, inlassablement affirmé depuis vingt ans par tous les gouvernements, comme quoi il serait bon et souhaitable de faire baisser le taux de prélèvements obligatoires +.
Il serait ainsi établi que ces prélèvements - au total 44 % du produit intérieur brut (PIB) en 2002 pèsent sur la croissance. Ils symboliseraient l'étatisation de l'économie (voir encadré), alors que nous aurions d'abord besoin de " libérer " l'esprit d'entreprise. C'est le credo du gouvernement actuel et du président de la République. Mais, lorsqu'il défendait son programme de réduction massive des impôts (8,7 milliards d'euros en 2001, 5,6 milliards prévus en 2002),