Racine et athalie
RACINE ET ATHALIE
Par Yves Stalloni professeur de chaire supérieure Lycée Dumont d’Urville Toulon
Il existe de nombreuses raisons qui permettent d’affirmer qu’Athalie occupe une place à part dans la production de Racine.
Des raisons historiques et biographiques d’une part, des raisons littéraires et esthétiques d’autre part. Je commencerai par les premières.
1. ATHALIE DANS SON CONTEXTE
Athalie est la dernière des pièces de Racine. Ce qui suffit à lui donner un statut exceptionnel. Elle est aussi une de ses deux tragédies sacrées. L’œuvre dramatique de Racine est quantitativement peu importante si on la compare aux 33 pièces de Corneille et aux 34 de Molière. Il n’a écrit quant à lui que 12 pièces, 9 tragédies profanes, une comédie (les Plaideurs) et deux tragédies sacrées Esther et Athalie. Autre particularité, Athalie, ainsi qu’Esther écrite et jouée deux ans auparavant, est une des deux pièces qui marquent le retour de Racine à la scène après une période de 12 ans de silence. En effet après l’Echec de Phèdre aux premiers jours de l’année 1677, Racine tourne le dos à la scène et renonce à treize année d’une carrière brillante et couronnée de succès. On a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer cette retraite prématurée, à moins de quarante ans. Son mariage d’abord avec Catherine de Romanet, jeune femme de vingt-quatre ans qui lui apporte près de 70 000 livres de rentes annuelles, c’est-à-dire la fortune. Cela dit, il n’y a aucune obligation pour que la vie conjugale interdise d’écrire pour le théâtre, sauf que les auteurs dramatiques avaient pris l’habitude de choisir leurs maîtresses parmi les comédiennes – ce qui fut le cas de Racine avec la fameuse Marquise, Thérèse Du Parc, morte mystérieusement en 1668, puis avec la Champmeslé , créatrice du rôle de Junie dans Britannicus, inoubliable interprète de Bérénice, d’Iphigénie et de Phèdre, et dont madame de Sévigné dira qu’elle est « plus merveilleuse bonne comédienne que j’aie jamais connue