Rashidi yekini portrait
Avant-centre colossal, le Nigérian Rashidi Yekini a poussé le vice du football jusqu’à ses 41 printemps. Son seul fantasme : devenir le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations ! Éreinté par la dictature, une bonne dose d’individualisme et les records de Samuel Eto’o, le monstre statistique est petit à petit redevenu un être humain. Un homme aujourd’hui détruit par la maladie. Check up.
Été 2010, l’Afrique accueille la première Coupe du Monde de son Histoire. Pays hôte élu par la FIFA, l’Afrique du Sud devient, le temps d’une compétition, la terre promise du football mondial. Pour l'occasion, Rashidi Yekini est nommé ambassadeur du Nigéria mais le jeune retraité décline aussitôt l'invitation. Le message est clair : Yekini refuse toute implication liée au football professionnel. Afrique ou non. La dépêche passe mal : aux yeux de tous, Rashidi est un absent, un renégat, et c’est entendu, les absents ont toujours tort.
En réalité, l’homme est gravement malade. Il souffrirait de stress mental. Un matin, durant l’animation d’un bus humoristique français, l’ancien buteur sort ses affaires personnelles en pleine rue et les incendies, à l’essence, sous le regard des passants ahuris. Le voisinage l’aperçoit mêmes errants pieds nus dans les rues d’Ibadan, ville universitaire du Nigeria, où il vit dans le plus affreux des dénuements. Les maisons contiguës ont des oreilles. Elles rapportent qu’il se parle régulièrement à lui même, en public et à haute voix. L’alerte est donnée. Sa famille, qui l’avait pourtant abandonnée, tente désormais de sortir son illustre membre de sa clochardisation. Ses deux enfants se pressent à son chevet. Côté football, la fédération nigériane n’est pas rancunière. Elle souhaiterait proposer à son ancien pensionnaire un poste de superviseur et d’acteur principal à la reconstruction du football nigérian, rongée par la corruption. « Yekini a tellement donné pour ce pays. Nous devons