“On ne naît pas femme on le devient”, restera probablement la phrase la plus célèbre de l’œuvre et de l’engagement de Simone de Beauvoir. Sécularisant la femme, distillant les principes d’un féminisme offensif et efficace, ‘le Castor’ (”Beaver” en anglais, elle est nommée ainsi par son ami René Maheu) a longtemps été rivée à cette image restrictive d’une combattante pour la cause des femmes. Pourtant, loin de se réduire à cet essai remarquable et novateur - ‘Le Deuxième Sexe’ - ce sont l’écriture et la vie, au service de la cause existentialiste, qui resteront les valeurs essentielles de l’œuvre de Beauvoir. Car si chez Jean-Paul Sartre la pensée existentialiste (dans ‘L’Etre et le Néant’) se nourrit de concepts abstraits - angoisse, néantisation, facticité, etc. - Beauvoir serait la version accomplie, empirique de cette philosophie alliant la théorie à la pratique. Si le modèle médiatique, spectaculaire - que renvoient entre autres les années 45/50 entre tendance jazz et Be-bop à Saint-Germain-des-Prés et dandysme de circonstance - n’est qu’un ersatz d’une pensée profonde et moderne, la vie de Beauvoir reste l’incarnation de la contingence et de l’engagement, les autres noms de la liberté. Contingence en amour, engagement en politique, concept en littérature, l’ensemble de la vie de Beauvoir dira la proximité, si ce n’est l’incarnation, de la philosophie de l’existence. http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Beauvoir_OnNeNaitPasFemme.htm On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. Seule la médiation d'autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu'il existe pour soi, l'enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d'abord le rayonnement