Renseignement et intelligence économique
L’annonce en 2007 du regroupement des services de renseignement du ministère de l’intérieur mettait en évidence quelques confusions intéressantes à analyser pour mieux comprendre comment l'usage malheureux d'un vocabulaire assurément équivoque peut aggraver le désordre qui règne autour de la fonction renseignement et de son application au domaine économique. Désormais vitale dans l'entreprise, pour "savoir" afin d'agir dans une compétition économique de plus en plus exigeante, cette fonction mérite d'être mise à nue afin d'en extirper toutes les ambiguïtés.
Étonnante, cette réorganisation entreprise en 2007 par le ministère de l'Intérieur ! Prétendant en effet "recentrer le renseignement sur ses missions", elle a pour résultat d'en restreindre l'application à un domaine de lutte incomplet, alors qu'en même temps, elle élargit en réalité sa fonction jusqu'à empiéter sur des activités policières non spécifiques du renseignement. Il en résulte un certain désordre, dont la mission intitulée "Protection du patrimoine et intelligence économique" donne un saisissant exemple. D'anglicisme en néologisme, cette mission à la formulation pour le moins ambiguë, qu'une analyse détaillée semble devoir limiter au contre-espionnage économique, conduit à faire l'amalgame entre intelligence économique et espionnage. D'où l'interprétation étonnante faite par certains observateurs qui évoquent une mission de "lutte contre l'intelligence économique", donnant ainsi à l’intelligence économique un caractère manifestement illégal bien peu compatible avec l'image de respectabilité qu'il conviendrait de lui assurer.
Ces confusions qui affectent la fonction renseignement montrent à quel point son incorporation dans cette discipline plus vaste aux limites encore trop incertaines qu'est l'intelligence économique "à la française", forme un amalgame complexe à manipuler et