Reportage aldi marché
Aldi, un empire bicéphale
Le décès de Theo Albrecht (88 ans), le 24 juillet dernier, a été largement relayé par la presse mondiale. Les journalistes ont rappelé le parcours des frères Albrecht, Theo et Karl (90 ans), co-fondateurs d’Aldi. En 1946, ils avaient pris les rênes de l’épicerie familiale d’Essen et conçu un concept discount dépouillé, révolutionnaire pour l’époque.
Tout a été dit sur le concept d’Aldi, son organisation logistique quasi industrielle, ses produits d’un excellent rapport qualité-prix ou sur ses relations viriles mais correctes vis-à-vis de ses fournisseurs. Mais malgré cette avalanche d’articles, Aldi reste l’une des sociétés les plus secrètes au monde. Linéaires lève un coin du voile enveloppant ce distributeur méconnu en France.
1 – Qui contrôle Aldi ?
En 1960, Aldi s’est scindé en deux : à Theo le nord de l’Allemagne et à Karl le sud. Les théories divergent sur les raisons de ce Yalta du discount. Les uns affirment que Karl refusait de vendre des cigarettes par crainte d’attirer les barboteurs, les autres disent que les deux frères voulaient ainsi éviter de se déchirer un jour, d’autres enfin que la scission a permis aux frères Albrecht d’échapper à de trop lourdes taxes. Les deux frères se sont donc partagés l’Allemagne puis l’Europe et le reste du monde.
Quoi qu’il en soit, Aldi Nord et Aldi Süd sont deux sociétés juridiquement distinctes. Elles ne consolident pas leurs achats. Malgré tout, selon nos informations, elles s’échangent les conditions d’achat de leurs fournisseurs. Les deux branches ont une offre commune en téléphonie (« Aldi talk ») et collaborent sur les voyages ou le développement de photos sur internet.
Le capital des deux sociétés est entièrement contrôlé par les deux branches de la famille Albrecht. Pour éviter tout risque d’éclatement, il est consolidé dans deux fondations. « Les héritiers ne peuvent pas vendre leurs parts », affirme ce journaliste