Grande romancière québécoise, Anne Hébert a su captiver la population dès ses premiers écrits. Remportant des prix littéraires de tous les types, ses œuvres ont été traduites en diverses langues à travers le monde. En plus de cinquante ans d’écriture, Hébert a fasciné bien plus d’une génération et continue même après son décès à susciter des débats dans le monde littéraire. Publié en 1982, Les Fous de Bassan en a ébranlé plus d’un en exploitant des thèmes inusités à l’époque. En effet, les sujets abordés dans cette œuvre peuvent être choquant et ébranler le lectorat. L’histoire du roman se passe en Gaspésie, dans un petit village du nom de Griffin Creek. Dans ce coin tranquille et quelque peu isolé du reste de la population, un drame surgit. Le soir du 31 août 1936, les deux cousines Nora et Olivia Atkins disparaissent et on apprend plus tard qu’elles se sont fait assassiner. En état de choc, les familles de Griffin Creek, toutes liées à un degré ou un autre par le sang, se taisent et tente de dissiper les soupçons qui se tournent vers Stevens Brown, le cousin des victimes. La lecture intrigante de ce roman est divisée en plusieurs parties, chacune attribuée à un narrateur différent. En ayant ainsi la même histoire de la tragédie en plusieurs points de vue, le lecteur ressent le suspense d’un roman policier et associe peu à peu les différentes parties du casse-tête que représente le crime. Troublante par moment, d’autres fois déchirante, cette œuvre est une représentation assez prenante de la vision qu’avait Anne Hébert sur la société québécoise du point de vue des valeurs conservatrices telles que la langue, la religion, la famille et la terre.

1.0 La langue
Les Québécois ont toujours eu à se battre pour la conservation de leur langue, ce qui rend d’autant plus surprenant qu’Hébert raconte l’histoire d’un village d’anglophones. En effet, le village de Griffin Creek est habité par des loyalistes ayant quitté leurs terres lors de la guerre d’indépendance