la précarité
Journal La Croix daté du 4 janvier 2013
Près de 20 000 personnes vivant en famille sont mises à l'abri au coup par coup par le Samu social de Paris dans 400 structures hôtelières d'Île-de-France. Ce mode d'hébergement improvisé est à la fois coûteux et peu efficace en termes d'insertion.
Jusqu'en octobre 2011, la famille Latifi vivait encore avec un toit au-dessus de la tête, à Strasbourg. Jusqu'à ce qu'elle se sente menacée par de violentes querelles de voisinage. Hédi ne se sent plus en mesure de protéger sa femme, ses trois filles et ses deux fils. L'idée lui vient de partir, loin. Ce sera Paris. Après un court hébergement provisoire chez des amis, les rêves de vie meilleure tournent au cauchemar. « Nous avons commencé à dormir dans notre voiture en nous relayant : ceux qui étaient réveillés restaient à côté du véhicule, sur le trottoir », raconte le père de famille, ancien entrepreneur dans le bâtiment. Le couple et ses cinq adolescents découvrent les dispositifs d'urgence. Depuis leur arrivée, ils ont connu une dizaine d'hébergements à l'hôtel, jamais deux fois de suite dans le même département – actuellement, c'est dans l'Essonne – et toujours très loin de la capitale, où les enfants sont scolarisés.
« Parfois, il suffirait d'intervertir l'hébergement de deux familles pour leur faciliter un peu la vie, mais le système est dans l'improvisation permanente », regrette Anissa, militante à l'association Droit au logement (DAL), qui suit le dossier des Latifi. Depuis 2010, les familles représentent plus de la moitié des appelants du 115 de Paris, devant les adultes seuls. Le Samu social de la capitale héberge à l'hôtel près de 20 000 personnes en famille, réparties dans toute l'Île-de-France. Il y a un an, elles n'étaient « que » 16 000.
En moyenne, la nuitée revient à 17 € par personne, moins cher qu'en centre d'hébergement (45 €). Mais comme le nombre de personnes concernées augmente, au final, l'hôtel, proposé