rimbaud la boheme
André Durand présente
‘’Ma bohème
(Fantaisie)’’
(octobre 1870)
Poème de RIMBAUD
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ; Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou. - Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied contre mon coeur !
Analyse
Lors de ses fugues, plusieurs mois de vie nomade sur les routes à la fin de l’été et au début de l’automne 1870, Rimbaud, adolescent rompant avec son monde dont il rejetait les principes, retrouvait, malgré la faim et le froid, la limpidité du monde, avait la sensation de toucher à « la vraie vie », voyait la création poétique favorisée par la pérégrination. Les poèmes écrits en chemin dirent, avec une liberté presque enfantine, les joies de cette brève saison au paradis. Le plus significatif est ‘’Ma bohême’’.
Ce titre est une allusion à la vie de bohème, expression par laquelle on désignait (par analogie avec la vie des tziganes qu’on croyait originaires de la Bohême), la vie insouciante, libre, sans règles ni contraintes, en marge de la société, au jour le jour, sans souci du lendemain, qu’au XIXe siècle menaient les artistes, qui refusaient le conformisme et l'esprit bourgeois. Comme le jeune homme qu’était Rimbaud ne pouvait vivre la vie de bohème des artistes parisiens, il s’en ait fait une (d’où le possessif « ma ») en s’échappant de la maison familiale. Cependant, par le sous-titre,