Romain_Gary
Honoré de plusieurs prix littéraires mais longtemps dédaigné par les critiques, Roman Kacew, alias Romain Gary, suscite depuis quelques années un vif regain d'intérêt. Attachée à défendre l'humain dans l'homme, son oeuvre abondante – plus de trente romans, un essai, deux films – déploie, à l'instar de son auteur, les séductions de l'identité et de ses masques.
Une oeuvre dédoublée
Né le 8 mai 1914 à Wilno (Pologne, aujourd'hui Vilnius, Lituanie), Roman Kacew fut très tôt abandonné par son père. Sa mère francophile, Nina, le voit promis à un brillant avenir. Misère et antisémitisme les contraignent à quitter Wilno pour Varsovie, avant de s'installer à Nice en 1928. Naturalisé français en 1935 – il publie alors sa première nouvelle, L'Orage –, Roman obtient sa licence de droit à Paris en 1938. Il fait son service militaire à l'École de l'air, où sa naturalisation trop récente l'empêche de devenir officier, et déserte dès 1940 pour rejoindre les forces de la France libre. Cinq ans plus tard, décoré de la croix de guerre, compagnon de la Libération, il épouse Lesley Blanch. Son premier roman, Éducation européenne, sort la même année sous le pseudonyme de Romain Gary, et reçoit le prix des critiques.
Commence alors une carrière diplomatique qui le conduit successivement à Sofia, Berne et New York, au siège de l'O.N.U. Consul général à Los Angeles de 1956 à 1961, il côtoie de nombreux artistes et rencontre l'actrice Jean Seberg, qu'il épouse en 1963 et dont il se séparera en 1970.
En 1956, il reçoit le prix Goncourt pour Les Racines du ciel, puis écrit en 1960 La Promesse de l'aube, récit autobiographique dans lequel il évoque avec truculence et nostalgie l'extravagance de sa mère.
Choisissant en 1961 de se consacrer pleinement à la création artistique, il compose de nombreux romans, un essai sur l'art romanesque (Pour Sganarelle), réalise deux films et publie de nombreux articles qui seront rassemblés en 2005 dans L'Affaire homme.