Je me suis souvent arrêtée au seuil de ces boutiques interdites aux femmes mariées, bien sous tout rapport et j'ai vu se dégrafer les sous-vêtements dans les ténébres. Aux environs de Pigalle, je contemplais ainsi les tissus dentelés et satin tout de rose. Et brusquement, pour la première fois e ma vie, j'étais saisi de cette iée que les hommes n'ont trouvé qu'un terme e comparaison à ce qui est rose: rose bonbon, et l'on a cru tout dire. Les bonbons, malheureux, mais n'avez-vous jamais regardé les poupées? J'ai mordu tout un an es soutiens gorge de poupées. J'ai connu des soutiens-gorge de tendresse, des soutifs de canons, des soutigs de désir. Rose comme le désir, rose comme la terre, rose comme l'euphorie, rose comme la gifle. Sur la palette des roses, je mettrai la distinction des cravates, la musique de la mort, l'odeur du sable, la délicatesse de la foudre, les bruissements des rires. Qu'elle est rose l'oeur des fêtes, qu'il est rose le parfum du desespoir! Du chant des Star Académiciens aux halètements du chien, des reniflements du cerveau de l'imbécile heureux à la lueur de folie des artistes, du crachat à la mélancolie, que de roses, que de lèvres: "rose" des caves ou des greniers, il y a des vies entières de rose, des petites librairies de rose, des souterrains pour l'envie, des grenades d'éclat de rire. Rose partout: je jouis de ce méli-mélo des sens, à cette notion du rose qui n'est pas la couleur même, mais une sorte d'esprit de couleur, tout entrelacé aux apostrophes du bonheur. Du rouge au bleu par le blanc, le rose ne dévoile son secret. Le rose transparaît au gémissement des cunnilingus, aux voleurs de rêves, au bouillonnement des sodas pétillants. Le rose s'évade et s'évanouit devant une réglementation, par un drôle de sentier malicieux où j'absorbe émotions fortes et babillage. C'est une sorte de vocalise de la sincérité dans les astres, un songe dithyrambique de baisers délicats, une poussée d'abandon de la logique. Rose comme la volonté de