Rédaction personnelle « a trente ans, je serai … »
Il m’est bien difficile de me projeter dans le futur, encore plus quand il s’agit de mon futur. En effet, je n’envisage pas encore mon avenir qu’à court terme ; je désire ne pas brûler les étapes ni décevoir les illusions que je me serais fixées. J’essaie plutôt – et je sais que c’est un cliché - de vivre l’instant présent sans se focaliser sur les conséquences de mes choix, et ce, en les assumant. Mon peu d’enthousiasme à définir mon avenir résulte du fait que, pour moi, il n’est jamais défini, que tous les choix restent possibles, et que toutes les opportunités sont donc saisissables. J’avoue aussi quelque part de superstition dans cette réticence : en construisant avec trop de certitude la vie qui se présentera à moi, peut-être la compromettrai-je et verrai-je mes rêves se dérober… Ainsi, le temps des verbes que j’emploie est trompeur ; dans ce texte le futur relève plus du conditionnel. Je vais cependant rendre ces projections les plus crédibles possibles et les présenter selon trois aspects. Les deux premiers critères s’opposent l’un à l’autre : la célébrité et la banalité. Enfin, je me montrerai pessimiste avec l’hypothèse de ma mort avant d’avoir soufflé mes trente bougies, triste spectre qui hante tout être humain…
Je m’attaque d’abord au scénario le plus réjouissant, bien que le plus fantaisiste. Ma passion, la cuisine, m’apportera la célébrité après des études en hôtellerie dans l’établissement situé à Spa. J’aurai décroché un petit boulot de serveuse après mes heures de cours. Dans ce bouge minable, se sera arrêté, pour mon plus grand bonheur, un célèbre critique gastronomique qui, après que je lui aurai servi en dessert un fabuleux fondant au chocolat, subjugué par mes talents culinaires, peut-être aussi par d’autres charmes, m’aura demandé mon numéro. Je lui aurai donné en étant certaine qu’il ne me rappellerait jamais. Ce sera quand ma meilleure amie, Julie, me montrera un journal français où