Réflexions sur la francophonie
Abdelhaq REGAM Université Cadi Ayyad Marrakech, Maroc
Situation.
Il s’agit de la lecture du seul livre, présenté comme un récit, qu’ait écrit le sénégalais Cheikh Hamidou Kane, ancien gouverneur de Thiès (Sénégal), ancien étudiant du Quartier Latin, ami de l’Abbé Pierre et de l’équipe parisienne de la revue Esprit, économiste aux idées claires et fervent croyant musulman qui s’est abreuvé aux sources de l’Occident.
L’Aventure ambiguë est un livre grave, triste, sans exotisme et sans concession vis-à-vis de soi et de l’autre ; son style est dépouillé, marqué par la rigueur et une grande pudeur. En fait, c’est l’histoire d’une quête[1], celle de Samba Diallo, le héros de ce récit (et l’alter ego de l’auteur), qu’il commencera dans une école coranique et terminera à l’Université française, dans des études de philosophie.
Mais c’est aussi, et surtout, le récit d’une prise de conscience, qui s’accompagne d’une crise de conscience : le déchirement s’y exprime à travers un itinéraire spirituel où la réflexion philosophique prend tout de suite une dimension universelle.
Les personnages sont presque des archétypes : le maître, le chef, le chevalier, la femme représentant l’Afrique (la Grande Royale), le fou, le pasteur, le communiste, le militaire, le magistrat noir occidentalisé et aigri. Et, au milieu de toutes ces différences, Samba Diallo, dans sa solitude sublime.
La question centrale du livre est relative à l’école : faut-il, ou non, envoyer les enfants à l’école étrangère, au lendemain de l’arrivée des Blancs ?
A partir de là, de nouvelles interrogations