Résumé
5 secrets et les tourments, les laideurs, les fautes, les troubles, les bassesses. Je n’avais touché ni au vin ni à la bière et pourtant je chancelais, ma tête tournait. Pour le portrait de Göbbler par exemple, il y avait une malice dans l’exécution qui faisait que si on le regardait un peu de gauche on y voyait le visage d’un homme souriant, aux yeux lointains, aux traits paisibles, tandis que si on le prenait un peu de droite, les mêmes lignes fixaient les expressions de la bouche, du regard, du front dans un rictus fielleux, une sorte
10 d’horrible grimace, hautaine et cruelle. Celui d’Orschwir parlait de lâcheté, de compromissions de veulerie, de salissure. Celui de Dorcha de violences, d’actions sanglantes, de gestes irréparables. Celui de Vurtenhau disait la petitesse, la bêtise, l’envie, la rage. Celui de Peiper suggérait le renoncement, la honte, la faiblesse. Pour tous les visages, il en était de même. Les portraits qu’en avait faits l’Anderer agissaient comme des révélateurs merveilleux qui amenaient à la lumière les vérités profondes des êtres. On aurait
15 cru une galerie d’écorchés.
Et puis il y avait les paysages ! Ça n’a l’air de rien pourtant un paysage. Ça ne dit rien. Au mieux, ça nous renvoie à nous, pas davantage. Mais là, croqués par l’Anderer, les paysages devenaient parlants. Ils racontaient leur histoire. Ils portaient les traces de ce qu’ils avaient connu. Ils témoignaient des scènes qui s’étaient déroulées là. Sur la place de l’église, au sol, une tache d’encre, placée à l’endroit même de
20 l’exécution, évoquait tout le sang qui s’était écoulé du corps d’Aloïs Cathor lorsqu’il avait été