Révolution russe
L'abolition du servage par le tsar Alexandre II en 1861 fait apparaître les premières fissures du vieux régime féodal. Une fois affranchis, les serfs sont poussés vers les villes, où ils constituent la main-d’œuvre de la révolution industrielle.
Au début du XXe siècle, la Russie connaît un essor industriel spectaculaire, entraînant un essor urbain et une grande effervescence culturelle : le vieil ordre social est ébranlé, aggravant les difficultés des plus pauvres. Les industries fleurissaient, la classe ouvrière était concentrée principalement dans les grandes villes. Cependant, la nouvelle prospérité du pays ne profite pas à la population.
L’économie dans son ensemble reste archaïque[5]. La valeur de la production industrielle est en 1913 deux fois et demi inférieure à celle de la France, six fois moins que celle de l’Allemagne, ou quatorze fois moins que celle des États-Unis[6]. Le rendement agricole reste médiocre, la pénurie de transport paralyse toute tentative de modernisation économique[7]. Le PIB par habitant est alors inférieur à celui de la Hongrie ou de l’Espagne de l’époque, et environ un quart de celui des États-Unis[8]. Surtout, le pays est dominé par les capitaux étrangers, qui possèdent près de la moitié des actions en Russie[9]. L’industrialisation du pays a été violente et mal acceptée par les couches de la paysannerie brusquement prolétarisées. La classe ouvrière naissante, bien que faible numériquement, est concentrée dans de grands sites industriels qui facilitent l’émulation révolutionnaire[10].
La Russie reste un pays essentiellement rural (85 % de la population). Si une partie des paysans, les koulaks, s’est enrichie et constitue une sorte de bourgeoisie rurale soutenant le régime, le nombre de paysans sans terres a augmenté, créant un véritable prolétariat rural, réceptif aux idées révolutionnaires. Même après 1905, un député à la Douma signale que dans