Sans-papiers en europe : une « exclusion » en trompe-l’oeil

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Sans-papiers en Europe : une « exclusion » en trompe-l’oeil

Communication au colloque Sans-papiers et institutions : regards croisés organisé par Le Centre Interdisciplinaire de Recherche Comparative en Sciences Sociales (CIR) les 29 et 30 septembre. Les conditions d’existence et d’emploi des immigrés sans-papiers en Europe nous conduisent à nous interroger sur leur place dans l’économie et dans la société.
Si des luttes collectives pour l’obtention d’un titre de séjour s’engagent en France dès 1973
(dès qu’à la fin du cycle de croissance des trente Glorieuses est donné le premier tour de vis à l’immigration de travail officielle), la figure du « sans-papiers » n’émerge en effet dans le débat politique et dans le langage courant qu’en 1996, en réplique à l’utilisation du terme stigmatisant de « clandestin ». Aucune de ces deux expressions ne répond à une catégorie juridique : le droit ne connaît, quant à lui, que les « étrangers en situation irrégulière ».
Pour les militants qui vont populariser le terme de sans-papiers, il s’agit clairement de substituer à l’image du délinquant qui se cache (comme le passager du même nom), ou qui a quelque chose à cacher, celle de la victime d’une discrimination et d’une injustice sociale, prête désormais à revendiquer ses droits, au grand jour. Le choix du vocable a aussi une fonction stratégique, puisqu’il permet d’opérer la jonction avec le plus vaste mouvement des
« sans » (sans logis, sans droits, sans emploi…).
De cette assimilation est pourtant issue une ambiguïté fondamentale qui allait peser sur la perception par la frange la mieux disposée de l’opinion de la situation des personnes aussi bien que sur la signification du mouvement : puisque la revendication des sans-papiers était intégrée dans un ensemble de luttes contre diverses exclusions, les sans-papiers tendaient à apparaître désormais eux-mêmes avant tout comme des « exclus », le déni de justice à leur égard que leurs soutiens

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