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Dans son Apologie de Socrate, Platon rapporte que la Pythie, prêtresse du temple d'Apollon à Delphes, avait affirmé que Socrate était le plus sage des
Grecs. Or, au fronton de ce même temple était gravée la formule : « Connaistoi toi-même ». Peut-on en déduire que Socrate avait tiré sa sagesse de la connaissance qu'il avait de lui-même ? Au fond, pourquoi se connaître soimême ?
L'intérêt que nous portons à nous-mêmes ne fait guère de doute : Le goût du miroir, des arbres généalogiques, des réseaux sociaux où nous nous affichons, montre assez que nous sommes pour nous-mêmes un intérêt majeur. Mais ce rapport insatiable à soi relève-t-il bien de la connaissance ?
Ne s'agit-il pas plutôt d'une tendance au narcissisme ? Comment donc démêler dans les causes qui nous incitent à nous observer nous-mêmes celles qui sont subies et celles qui sont choisies ? Au fond, il s'agit de savoir si la connaissance de soi peut servir un but louable ou si elle ne fait que nous enfermer dans notre être au point, paradoxalement, de nous y aliéner. Ou, pour le dire autrement : Quelle valeur attribuer à l'introspection ?
On se demandera par conséquent si la quête de la connaissance de soi est naturelle, pourquoi elle peut être aliénante et comment elle peut être valorisée. Première partie. Une démarche introspective est-elle possible?
S'interroger sur la cause et le but de la démarche introspective suppose d'abord qu'une telle démarche est possible. Or, il ne fait pas de doute que la conscience humaine n'est pas seulement immédiate, orientée vers le monde extérieur mais aussi réfléchie, c'est-à-dire capable de se tourner vers le sujet et de l'observer. Mais d'où vient cette capacité de se prendre soi-même pour objet d'étude ? Sans spéculer sur la possibilité qu'auraient certains animaux d'en faire autant, on peut soutenir que cette capacité est non seulement naturelle à l'homme mais qu'elle est pour lui un moyen de se conserver. Les stoïciens considèrent