Sapir
Introduction
Il y a des dissensions en économie et pourtant il y a une économie standard qui prétend à l'hégémonie sur les autres disciplines. Cette prétention se fonde sur l'idée qu'il existe des « lois économiques » semblables à celles de la nature.
Cependant, l'économie n'a jamais pu démontrer l'existence de ces lois. On pourrait croire que l'usage des mathématiques garantit une rigueur mais ce n'est pas vrai, en témoigne la diversité des théories et les revirements des économistes.
Un exemple : Michel Mussa, ancien économistes du FMI, se base sur la théorie de l'équilibre général, dominante aujourd'hui, inspirée de Léon Walras[1]. Le marché y est conçu comme un mécanisme censé produire un équilibre à partir des agents. Selon cette théorie, il est possible de calculer et de prévoir le monde.
Pourtant : les économies occidentales ne sont pas régies principalement par une logique de marché mais par une combinaison variable en temps et en lieu de marchés, de réseaux et d'institutions. En outre, le marché dont il est question est essentiellement tenu par des entreprises. Or, qui dit entreprise dit...organisation, planification : tout sauf un équilibre naturel d'agents individuels.
A la théorie du marché comme mécanisme répond, dans l'école autrichienne[2], la théorie du marché comme processus : le marché produit des régulations à partir d'une subjectivité des acteurs normée par des règles. L'économie n'est plus comprise comme une économie de marché mais comme une économie décentralisée. Qu'est-ce à dire ? Que tout le problème de l'économie tient à la coordination des agents. Bref, il y a une incertitude fondamentale qui ne se réduit pas à l'imperfection momentanée des marchés.
La théorie de l'économie décentralisée a le mérite de s'intéresser à ce qui permet la coordination, à partir des institutions singulières : elle produit une analyse institutionnaliste de l'économie. Elle ne se réduit pas aux