Schizophrénie : maladie neurodégénérative ou neuro-développementale ?
Introduction
En 1871, Emile Kraepelin disait que « l’élément clé de la physiopathologie de la schizophrénie était l’aspect neurodégénératif ». Est-ce toujours vrai de nos jours ?
En effet, au début des connaissances sur la maladie, on s’intéressait surtout aux symptômes positifs de la maladie. Ensuite, nous avons pris conscience progressivement de l’importance de prendre en compte les symptômes négatifs de la maladie. Puis, l’intérêt pour les prodromes ou premiers signes de la maladie a été d’actualité. Finalement, il semble y avoir un changement depuis les années 1980. Alors que jusque là, la schizophrénie était considérée comme une maladie du jeune adulte, depuis 1980, elle est considérée selon une perspective neurodéveloppementale. Selon ce modèle, la schizophrénie est la conséquence à long terme d’une anomalie précoce (prénatale ?) du développement neuronal.
Il convient de constater d’emblée un obstacle méthodologique : le début des symptômes survient à l’âge adulte, mais la période d’intérêt (pré ou périnatale) a lieu quelques décades auparavant. Comment surmonter cet obstacle ? Nous avons une série d’arguments qui confortent cette hypothèse. Ils proviennent d’arguments épidémiologiques, neurohistologiques, ainsi que d’archives d’observation et la présence d’anomalies physiques mineures accrues.
Etudes épidémiologiques
En automne 1957 à Helsinki, il y a eu une épidémie à influenza. Cette épidémie était inhabituelle pour 2 aspects : d’une part parce qu’elle était de courte durée (5 semaines) et parce qu’elle était très étendue touchant 2/3 de la population. Il a été constaté que la descendance des mères qui ont été exposées au virus influenza durant le 2nd trimestre de la grossesse avait un risque accru de développer la schizophrénie. Ce qui n’était pas le cas durant les 1er et 3ème trimestres (Mednick, 1988). Ces résultats suggèrent le fait qu’il puisse y avoir