: L’imaginaire de l’épidémie dans la peste d’albert camus, journal de l’année de la peste de defoe, le masque de la mort rouge et d’autres histoires extraordinaires d’edgar allan poe
Les épidémies constituent des menaces récurrentes et terrifiantes pour les humains durant des millénaires. Elles sont considérées pendant très longtemps comme des punitions divines. D’ailleurs, l’écrivain et historien français Pierre Miquel compare les paniques créées par les grandes épidémies du passé à celle qui affecte, avec le sida, la société contemporaine. Ainsi, la lèpre est-elle la terreur du XIIe siècle et la réapparition périodique des pestes pendant de longs siècles entretient la peur du châtiment jusqu’au XVIIIe siècle et au-delà. L’absence de traitements efficaces explique en grande partie les réactions de panique que l’on observe à l’occasion de l’apparition d’une épidémie. Mais l’épidémie n’est pas la maladie, elle est, comme le remarque Lombard, un ensemble complexe avec « ses propres règles et sa propre évolution, bien distinctes de celles de la maladie dont elle est la diffusion. Elle tend à se comporter comme un être autonome et à constituer une réalité globale qui dépasse la somme de ses composantes ». Depuis très longtemps, les épidémies sont décrites par des observateurs souvent avertis et bien documentés. Ainsi Thucydide raconte-t-il la peste d’Athènes qui fait son apparition au début de l’été 430. Il observe que les oiseaux carnassiers évitent tout contact avec les cadavres et ceux qui y touchent meurent après y avoir touché. En ce qui concerne un auteur plus proche de notre époque, Defoe, les sources dans lesquelles il a puisé pour écrire son Journal ont bien été retrouvées ce qui montre que son oeuvre est particulièrement intéressante grâce à sa valeur documentaire. En outre, Camus, dans la Peste s’attache particulièrement à peindre l’isolement de la ville oranaise, la souffrance de ses habitants due aux affres de l’épidémie de peste. Enfin, dans Le masque de la mort rouge Edgard Poe décrit le caractère atroce et horrible de la peste qui s’apparente, dès lors, à une damnation inéluctable. Il s’agira essentiellement dans