Le XIXe siècle est un grand siècle scientifique. C'est le siècle des inventions, de la science-fiction et aussi des sciences sociales. La société devient un objet majeur d'observation et ses observateurs sont soit des médecins spécialistes de l'hygiène publique (les hygiénistes) soit des non-médecins (des administrateurs, des sociologues et des experts divers, sans exclure les romanciers) ayant acquis le regard médical. Ils constatent que la société est malade et que cette pathologie est particulièrement grave dans le secteur du travail manuel que l'on juge composé de classes malsaines et dangereuses. C'est une réalité qui s'impose brutalement au début de la Monarchie de juillet avec dans l'espace de deux ans : en 1831 avec la découverte d'un risque social jusque-là inconnu, la révolte ouvrière (révolte des « canuts », ouvriers de la soie à Lyon) en 1832 avec les ravages (particulièrement dans les quartiers ouvriers) d'une nouvelle « peste », le choléra (depuis la peste de Marseille, en 1720, la France se croyait à l'abri des grandes épidémies).
Apparaissant comme des facteurs d'insécurité et d'insalubrité, ces ouvriers ne sont pas nombreux dans la France de 1848 : 36 millions d'habitants 14 millions d'actifs 5 à 6 millions dans l'artisanat et l'industrie 1 195 000 dans des entreprises de plus de 10 salariés ; soit : 770 000hommes 280 000 femmes 145 000 enfants
À noter que, selon certaines sources, la présence d'enfants aurait été souvent dissimulée et que le chiffre exact serait proche de 240 000.
Notons aussi que la pathologie du monde ouvrier est découverte comme étant particulièrement grave dans les nouvelles manufactures, mais qu'elle n'exclut pas le monde artisanal : les enquêtes sur les « classes dangereuses » se faisaient surtout à Paris et les canuts lyonnais travaillaient dans de petits ateliers et souvent à domicile.
Section I – Les conditions de travail
§ 1 – La journée de travail
Sous l'Ancien Régime la journée de travail