Simone weil, la condition ouvrière et la condition ouvrière
Effort, mais aussi après quelque temps sorte de bonheur machinal, plutôt avilissant – une pièce loupée (pas d'engueulade). Vers la fin, incident bureaucratique : 10 rondelles manquantes. […]L'épuisement finit par me faire oublier les raisons véritables de mon séjour en usine, rend presque invincible pour moi la tentation la plus forte que comporte cette vie : celle de ne plus penser, seul et unique moyen de ne pas en souffrir. C'est seulement le samedi après-midi et le dimanche que me reviennent des souvenirs, des lambeaux d'idées, que je me souviens que je suis aussi un être pensant. Effroi qui me saisit en constatant la dépendance où je me trouve à l'égard des circonstances extérieures : il suffirait qu'elles me contraignent un jour à un travail sans repos hebdomadaire – ce qui après tout est toujours possible – et je deviendrais une bête de somme, docile et résignée (au moins pour moi). Seul le …afficher plus de contenu…
Il raconte, dans ce roman rédigé en vers libres, son quotidien et la dureté de l'usine aujourd'hui, comment ce travail détruit le corps, la violence capitaliste.En entrant à l’usineBien sûr j’imaginaisL’odeurLe froidLe transport de charges lourdesLa pénibilitéLes conditions de travailLa chaîneL’esclavage moderneJe n’y allais pas pour faire un reportageEncore moins préparer la révolutionNonL’usine c’est pour les sousUn boulot alimentaireComme on ditParce que mon épouse en a marre de me voir traîner dans le canapé en attente d’une embauche dans mon secteurAlors c’estL’agroalimentaireL’agroComme ils disentUne usine bretonne de production et de transformation et de cuisson et de tout ça de poissons et de crevettesJe n’y vais pas pour écrireMais pour les sousÀ l’agence d’intérim on me demande quand je peux commencerJe sors ma vanne habituelle