Sociologie juridique : l'acharnement thérapeutique
L’acharnement thérapeutique ou l’obstination thérapeutique déraisonnable est une réalité médicale qui est hélas souvent mal perçue par l’opinion publique, car le flou qui entoure les concepts constitue, encore à l’heure actuelle, le frein principal à sa bonne compréhension.
Le débat public sur l’acharnement thérapeutique s’installe progressivement dans les années 1970 avec l’émergence d’un nouveau sujet de préoccupation éthique animant de vives controverses chez les théoriciens et les praticiens du droit et de la médecine : le droit au « laisser mourir ».
Plus généralement, on va se poser la question des conditions de la mort en milieu hospitalier car il existe un constat socio-juridique plutôt frappant : aujourd’hui, l’hôpital connaît 70 % des décès. Si jadis nos aïeux préféraient une mort à la maison parmi les leurs, celle-ci a finalement été repoussée vers un hôpital toujours plus emprunt à préserver et à prolonger la vie.
Deux évolutions majeures de notre société occidentale moderne vont alors inciter au débat : d’abord, le progrès médical, qui a connu un essor technique et technologique considérable depuis plusieurs décennies, a évidemment posé la question des limites au maintien en vie, appelant dorénavant à reconsidérer la qualité de la fin de vie au travers de la notion primordiale de dignité de la personne humaine.[2] D’autre part, l’abandon du paternalisme médical, qui traduit une évolution sociétale importante marquée par le délaissement de la conception du médecin comme « bon père de famille »[3] au profit de l’autonomie du patient-citoyen, conférant à ce dernier une pleine capacité à décider de son propre sort. Il s’agit d’un bouleversement radical dans la relation soignant-soigné qui pose le problème de sa juste harmonie.
Les différentes institutions ont immédiatement compris