Spleen
« Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de ses forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque... Je me demande sans cesse: A quoi bon ceci? à quoi bon cela? C'est le véritable esprit de spleen. » (A sa mère, 1857).
Le poète suggère cet éternel ennui, nuancé d'angoisse morbide, en mêlant aux grâces décadentes d'un XVIII" siècle désuet quelques visions étranges et macabres. et en se servant d’images exotiques (empruntes d’Idéal). Evidemment, on est au XIX ème, en pleine fin de romantisme, et c'est déjà une nouvelle poésie qu'il annonce...
Voici un extrait d'un de ses Spleen (je crois qu'il y en a 3)« Quand le ciel bas et lourd... » (Spleen ) tiré des Fleurs du mal.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l 'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie, étalant ses immenses traînées,
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furire
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement,
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
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C'est donc bien de ce qu'on a pu appeler une maladie psychologique, mais