Sport et la nation
C’est en 1894 que le baron Pierre de Coubertin réintroduit dans l’histoire les Jeux olympiques, sous la forme moderne qu’on leur connaît. Répondant dans l’esprit de leur père à un idéal pacifiste de rapprochement des peuples, cet événement sportif mondial n’a pourtant pas toujours été marqué par l’entente entre les pays y participant. Mais à l’échelle d’une nation, qu’en est-il du sport ? Peut-il en constituer le ciment ? Certes, l’histoire de certains sports collectifs notamment prouve que sa vertu unificatrice peut s’exprimer pleinement, mais cette même histoire ne fournit-elle pas également des preuves interdisant la généralisation de ce pouvoir fédérateur ? Ces constats établis, un éclairage sur les conditions de la réalisation d’une harmonie nationale par le sport pourra être donné.
L’on ne niera pas que le sport peut être l’instrument d’une cohésion s’exprimant sur le plan national. Le sport collectif qu’est le rugby permet d’en rendre compte, si l’on se penche sur le film Invictus, réalisé par Clint Eastwood, et reposant sur des faits réels. En effet, ce film donne à voir la véritable unité de l’Afrique du Sud (dont on sait combien elle a été déchirée entre blancs et noirs en particulier pendant la période de l’Apartheid) au moment de la victoire de l’équipe nationale de rugby au mondial de 1995. Le sport apparaît ici comme le moyen de dépasser les communautarismes et d’annihiler les conflits qui y sont inhérents. Le titre du film, au singulier, peut alors référer à l’unité enfin acquise par une nation dont les liens internes se consolident autour de son équipe de rugby.
Le football peut lui aussi jouer un rôle cohésif au niveau national. Qui ne se souvient pas de la Coupe du monde de football de 1998 et des mouvements de liesse consécutifs à la victoire des Bleus ? D’après la journaliste Anne Rapin, qui a écrit à ce sujet dans le magazine Label France, la devise de la nation française ne s’était