Suicide de karl marx
Du suicide
§ 6
(422) Porter atteinte volontairement à sa propre vie ne peut être appelé suicide {homicidium dolosum) que si l'on peut prouver qu 'i l s'agit en tout état de cause d ' u n crime qui est perpétré sur notre propre personne ou même, par l'intermédiaire de ce suicide, sur d'autres (par exemple, quand une femme enceinte se donne la mort).
a) Le suicide est un crime (meurtre). A vrai dire, il peut aussi être considéré comme une transgression par l'individu de son devoir envers d'autres hommes (les époux entre eux, les parents à l'égard des enfants, le sujet envers l'autorité ou ses concitoyens, enfin même envers Dieu, l'homme abandonnant sans en avoir été relevé le poste que celui-ci nous a confié dans le monde) ; mais ici il n'est question que de la violation d'un devoir envers soi-même, pour déterminer si, même si je laisse de côté toutes ces autres considérations, l'être humain est cependant obligé de se conserver en vie simplement par sa qualité de personne et s'il faut reconnaître là un devoir (et plus précisément un devoir strict) envers soi-même. Que l'homme puisse s'offenser lui-même, cela semble absurde (volenti non fit injuria). C'est pourquoi le stoïcien considérait comme u n privilège de sa personnalité (en tant que sage) de pouvoir quitter la vie à son gré (comme on sort d'une pièce enfumée), l'âme en paix, sans être poussé à le faire par un mal présent ou à venir, parce qu'il ne pourrait plus y être utile à quoi que ce soit. Mais précisément ce courage, cette force d'âme capable de ne pas redouter la mort et de connaître quelque chose que l'homme peut estimer encore plus que sa vie, aurait dû constituer pour lui un motif d'autant plus puissant de ne pas se détruire, lui qui est un être d'une si grande puissance, supérieure aux mobiles sensibles les plus puissants, et par conséquent de ne pas se retirer la vie. L'homme ne peut aliéner sa personnalité aussi longtemps qu'il est question pour lui de devoirs, par conséquent