BACCALAUREAT PROFESSIONNEL – EPREUVE DE FRANÇAIS SESSION DE SEPTEMBRE 2004 - ANTILLES
TEXTE 1
L'auteur, Charles Juliet, évoque son enfance dans l'ouvrage autobiographique Lambeaux. Âgé de quinze ans, il est élève dans une école militaire.

L'étude du dimanche soir est réservée à la correspondance. Mais ces deux heures durant lesquelles tu tentes d'écrire à ta mère, elles te laissent immanquablement déçu et irrité. Tu voudrais lui raconter ce que tu vis, fais, éprouves, lui confier combien tu t'ennuies d'elle et du petit frère, mais tu n'y parviens pas. Dès que tu te mets à penser à eux, une violente émotion t'envahit et les mots dont tu as besoin ne te viennent pas. La fin de l'étude approche que tu en es toujours au Chère Maman. Alors, furieux contre toi, tu griffonnes en toute hâte quelques sèches et banales phrases qui n'expriment rien de ce que tu tenais tant à lui dire. Au terme de ces deux heures, tu te promets chaque fois d'être particulièrement attentif pendant les cours de français, d'acquérir du vocabulaire, de soigner tes rédactions. Il faut qu'un jour tu sois capable de lui écrire des lettres où elle pourra lire tout l'amour que tu lui portes.

Charles JULIET, Lambeaux, 1995.

TEXTE 2 Louis Aragon - célèbre poète et romancier du XXème siècle - raconte comment, enfant, il a éprouvé le désir d'écrire.

Un beau jour, l'idée me vint que, si je savais écrire, je pourrais dire autre chose que ce que je pensais, et je me mis à essayer de le faire, avec tout ce qui s'était fixé dans ma mémoire, des lettres, des syllabes, des mots. Si bien que je fis en très peu de temps de grands progrès, parce qu'on ne me tenait plus la main, que j'employais mon crayon à ce qui me passait par la cervelle, intercalant des bonshommes entre les lettres, ou des poissons, des cerfs-volants tenus au bout des mots par un grand fil zigzagant. Évidemment si de tels exercices étaient tombés sous les yeux de quelqu'un, de mes tantes, ça leur