Sujet d'invention (gargantua )
Abbaye de Thélème, le 21 juin 1534
Cher frère, Je vous écris de l’abbaye de Thélème, où je suis invité depuis maintenant 1 mois. Comme promis, je vous fait part de ce voyage qui, vous allez le découvrir, ne fut pas sans surprises.
Dès le premier jour de mon arrivée à Thélème, j’eus l’honneur d’être accueilli par frère Jean et il ne me fallut pas longtemps pour réaliser que les mœurs qui ont cours ici n’ont rien à voir avec la vie monacale que nous connaissons tous deux.
À l’abbaye de Thélème, il ne subsiste aucune forme d’autorité collective, chacun fait comme bon lui semble et la seule règle qui soit est celle du bon vouloir de tous. Aucune heure de lever, de souper ou de coucher n’est fixée, les frères mangent, boivent et font ce qu’ils veulent au moment où ils le souhaitent. La première impression que me fit cet endroit est celle d’un lieu de perdition, je crus m’être retrouvé aux antichambres de l’enfer.
Un enfer que je ne pouvais pas quitter, malgré mon effroi. Ainsi décidais-je de leur faire savoir les règles de la vie monastique telle que nous l’entendons.
Mais après quelques jours, je me rendis compte que ceux que je croyais être des hérétiques étaient en réalité des hommes cultivés, censés, et bien plus pieux que je le pouvais imaginer. Les frères de Thélème sont en définitive l’élite de tout un courant de pensée dont l’aspect visionnaire est certain.
Je vous prie de croire, mon frère, que les principes véhiculés par cette pensée nouvelle ont pour base les mêmes idéaux que les nôtres. Ici, les moines reçoivent une éducation variée, exhaustive et riche, fondée sur l’amour de l’homme et la foi au divin, où rien n’a plus de prix que la liberté. Ils prônent des valeurs essentielles comme l’amitié, le partage et une liberté individuelle qui respecte la collectivité.
Je vous écris aujourd’hui en espérant que votre clémence sera suffisante pour lire mes mots, sans rancœur car le