Sur le théâtre
I UNE PIÈCE DE THÉÂTRE C’EST D’ABORD UN TEXTE.
ARGUMENT UN
-La puissance du mot la beauté du verbe sont primordiales. Mieux vaut découvrir la petite musique qui se crée dans la tête et la mise en scène que s’élabore dans l’imagination du lecteur plutôt que d’assister à une comédie jouée par une troupe d’amateurs. Certes les apprentis acteurs se font plaisir mais le public lui est déçu.
ARGUMENT DEUX
-En effet même si la comédie est faite pour être jouée certains textes reposent sur le rêve, l’imagination et les mots gagnent avant tout à être lus. Dans Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, la relation amoureuse qui se crée entre Silvia et Dorante prend toute sa saveur grâce à la subtile alliance entre les dialogues des deux jeunes gens et l’imagination du lecteur.
ARGUMENT TROIS
-Le lecteur qui aura découvert une lecture multiple d’une pièce est forcément déçu car l’acteur n’apporte qu’une seule interprétation. Un exemple évident est celui de Tartuffe. Alors que le comédien du XVIIIe siècle, Augé, tirait le rôle à la farce aux limites de l'obscénité, Stendhal en 1822 note que le public n'a “ri franchement qu'en deux endroits” dans l'interprétation avec Mlle Mars en Elmire. Louis Jouvet, lui, en 1950 au Théâtre de l'Athénée, incarne un Tartuffe réellement pieux et torturé par la tentation. Antoine Vitez au festival d'Avignon de 1978 offre la lecture d'une Elmire tentée par un séduisant Tartuffe. L'Argon de Roger Planchon, à Buenos Aires en 1973, éprouve une passion inconsciemment homosexuelle pour Tartuffe…
TRANSITION Mais peut-être est-ce aussi cela l’avantage de la représentation : donner à voir à découvrir des interprétations qui auraient échappé au lecteur. Dans les années 90, trois acteurs (Michel Bouquet, Michel Aumont et Jacques Mauclair) se sont attaqués au personnage