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BARTHOLO, montrant Marceline. — Voilà ta mère.
FIGARO. — … nourrice ?
BARTHOLO. — Ta propre mère.
LE COMTE. — Sa mère !
FIGARO. — Expliquez-vous.
MARCELINE, montrant Bartholo. – Voilà ton père.
FIGARO, désolé — Oooh ! aïe de moi !
MARCELINE. — Est-ce que la nature ne te l’a pas dit mille fois ?
FIGARO. — Jamais.
LE COMTE, à part.— Sa mère !
BRID’OISON1. — C’est clair, i-il ne l’épousera pas.
BARTHOLO. — Ni moi non plus.
MARCELINE. — Ni vous ! Et votre fils ? Vous m’aviez juré…
BARTHOLO. — J’étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d’épouser tout le monde.
BRID’OISON. — E-et si l’on y regardait de plus près, personne n’épouserait personne.
BARTHOLO. — Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable.
MARCELINE, s’échauffant par degrés. — Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! Je n’entends pas nier mes fautes ; ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu’il est dur de les expier2 après trente ans d’une vie modeste ! J’étais née, moi, pour être sage et je la suis devenue sitôt qu’on m’a permis d’user de ma raison. Mais dans l’âge des illusions, de l’inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui, peut-être, en sa vie a perdu dix infortunées3 !
FIGARO. — Les plus coupables sont les moins généreux; c’est la règle.
MARCELINE, vivement. — Hommes plus qu’ingrats, qui flétrissez4 par le mépris les jouets