Dans ce texte, Bergson s'interroge sur l'historien et plus particulièrement sur notre incapacité à être des historiens du présent. En effet, si le travail de l'historien consiste à déterminer des ruptures ou des éléments déterminants dans le cours des événements, nous ne pouvons les déceler sans en connaître les conséquences. Au présent, nous ne pouvons jamais savoir quel événement deviendra historique. C'est uniquement qu'après-coup, lorsque nous avons connaissances des conséquences et des influences d'un événement que nous pouvons ou non le qualifier d'historique. Il n'y a donc d'historien que du passé et c'est donc un pur hasard si nous sommes parfois capables de repérer un événement en le déclarant historique. En effet, L'histoire présuppose une connaissance de la continuité des événements. Nous pouvons nous demander si certains événements ne sont pas des ruptures telles que nous pouvons les qualifier, au présent, d'historique. S'agit-il nécessairement de hasard ? Et quelle serait donc la fonction principale d'un historien ? On peut considérer qu'il doit expliquer le passé, mais Bergson préfère affirmer qu'il doit en fait expliquer son présent, et plus particulièrement ce que celui-ci contient de nouveau. Expliquer son présent, signifie chercher des causes qui sont en elles-mêmes antérieures. D'une certaine manière, le travail de l'historien devrait donc être de trouver dans le passé les causes de la nouveauté présente. De plus on souligne qu'avec Bergson, le nouveau implique " création". Comment cette création aurait elle pu être prévue dans le passé, pour que ce dernier nous en indique volontairement ou consciemment les sources? Et ce qui jouera donc le rôle de ces dernières n'apparaitra qu'après coup, lorsque le nouveau devra être expliqué et éclairera rétrospectivement les événements antérieurs. Nous ne pouvons que par hasard savoir ce qui intéressera l'avenir.
Si l'on prend au sérieux l'existence de l'histoire, on peut admettre que ce qui s'y passe