Paris, le 8 janvier 1918

Mon cher Alphonse,

Ton vieil ami a réussit à prendre du temps afin de te griffonner quelques mots sur cette feuille délavée et souillée par le climat qui est sans cesse modifié dû à mes nombreux périples et voyages à travers le monde. Il y a que je sillonne la Terre entière depuis ma plus tendre enfance. Grâce à toutes ces pérégrinations, j’ai pris goût au voyage et mes parents m’ont énormément appris grâce à cela. De l’Egypte à Bâle, je les ai suivi jusqu’au jour où je devais me débrouiller à moitié seul car le pensionnat n’est pas une liberté à part entière vois-tu… A présent, je suis émerveillé devant toutes ces cultures, coutumes et religions attachées à ces pays. Je suis envouté. J’envie chacun de ces habitants, leur territoire est noble, si seulement tu pouvais voir ça ! Leur richesse non pas monétaire mais leurs histoires, leurs traditions, leurs modes de vie… Mon émotion est si forte qu’il est possible que tu puisses la ressentir d’où tu es. Mon admiration se porte également sur toutes ces couleurs, ces images ; j’en suis tombé fol amoureux. Chaque pays visité est en réalité une mine d’or, tout est somptueux, d’une beauté époustouflante… en fait ce n’est que mon avis. Je remarque par ailleurs qu’il se trouve dans chaque communauté un nombre inconsidérable d’éléments miteux et pauvres au milieu de ces paysages, personnes et objets d’une valeur inestimable : « bananeraies poussiéreuses », « abattoirs puants », « banlieue misérable ». Je me suis souvent répété combien la vie valait d’être vécue et j’en ai donc conclu lors de mon voyage aux Etats-Unis que pour garder un souvenir de chacune des mes aventures, j’allais écrire, écrire des poèmes.

Je suppose qu’entre ces deux phrases tu as dû drôlement rire. Mon premier texte est intitulé : Les Pâques. Il raconte simplement un homme s’adressant au Seigneur, il lui décrit chaque chose observée lorsqu’il se promène en pleine nuit dans la rue, ses peurs, ses réflexions sur le