Thierry hentsch - raconter et mourir
Le roman s’oppose par son histoire aux autres productions littéraires. En effet, ce genre né à l’époque médiévale, au XIIe siècle, doit son nom à la langue romane dans laquelle étaient écrits les romans, la langue romane étant considérée comme une langue non savante, par opposition au latin. Au XVIIIe siècle, le roman était perçu comme une lecture légère destinée aux femmes, et donc en ce sens dénuée de signification. Aujourd’hui, ce genre a pris un essor considérable et l’idée reçue évoquée précédemment est dépassée. C’est justement ce que confirme Thierry Hentsch en 2002 dans son essai Raconter et mourir : « Le roman n’a jamais renoncé à donner du sens », « C’est de vérité qu’il s’agit toujours, d’une expérience de pensée qui tend vers la vérité ». Le genre romanesque semble donc être devenu plus intellectuel dans la mesure où il défend une ou plusieurs vérités ; il n’est pas « inoffensif », c’est-à-dire que même derrière les détails les plus anodins, le romancier cherche « toujours » à « donner du sens ». Cependant, il serait intéressant de s’interroger sur le sens de « vérité » employé ici par Thierry Hentsch. Le sujet nous incite à penser la « vérité » davantage comme l’expression d’une idée générale défendue par l’écrivain, bien qu’elle ne soit pas forcément vraie dans l’absolu, plutôt que comme l’expression d’idées conformes à la réalité. En effet, il s’agit surtout pour le romancier de « donner du sens », on ne fait pas allusion à la réalité de ce qui est raconté ici. Ainsi, si la plupart des romans obéissent à la règle qui consiste à donner du sens, à prendre dans le sens de délivrer un message, certains genres littéraires n’y échappent-ils pas ? Nous verrons donc d’abord comment le roman, malgré la fiction qu’il suppose et ses détours par le style, peut dire des vérités, avant de nous intéresser aux genres qui échappent à cette logique de sens. Thierry Hentsch évoque également la réflexion philosophique dans la