Tristan
Exemple
Le thème de la douleur est omniprésent dans cet extrait. Il se manifeste, entre autres, à travers le thème du deuil. Dès le début de l’extrait, on nous décrit le glas qui tinte aux clochers des églises et qui envahit les rues de Karhaix. Le deuil paraît alors être généralisé à tous les habitants de la ville. Ce passage nous traduit bien cette douleur partagée par l’ensemble de la population : « Elle entend [Iseut] de grandes plaintes s’élever dans les rues de Karhaix […]. » La personnification, ici, vient mettre l’accent sur l’importance de ces plaintes qui semblent croître jusqu’à envahir l’atmosphère entière de la ville. Ainsi, Iseut apparaît dans un décor qui semble faire écho à son profond désarroi, ce qui met en évidence le caractère tragique de l’extrait. Le désespoir atteint ensuite son comble lorsque Iseut se retrouve seule devant le corps inerte de son amant. C’est alors que la douleur semble se cristalliser sur sa propre personne jusqu’à devenir intenable. Dès lors, Iseut bascule dans une obscurité qui semble totale : « Puisque tu n’es plus en vie, je n’ai plus moi-même de raison de vivre. Tout désormais me sera sans douceur, sans joie, sans plaisir. » Ce dernier passage constitue une gradation ascendante, puisque nous passons par la disparition des simples douceurs pour aboutir, enfin, à l’absence définitive de tout plaisir. Cette figure de style vient amplifier l’atmosphère douloureuse qui pèse sur l’héroïne du récit. Iseut, privée de son amour, n’a plus la moindre envie de vivre. La seule façon pour elle de préserver cet amour qui lui est essentiel est de cheminer avec lui au-delà de la