TÉLÉ-RÉALITÉ ET RÉALITÉ.

La télé-réalité consiste à « faire du spectacle avec la vie des gens ordinaires », la sociologue Monique Dagnaud affirme-t-elle. L’un des principaux producteurs de ces émissions, John De Mol, précise qu’elles montrent « que des individus ordinaires peuvent être des personnages intéressants. Votre voisin de palier peut vous étonner ». Des années 1970 aux débuts des années 1990, certaines chaînes américaines, britanniques, puis australiennes commencèrent par filmer des familles dans leur vie quotidienne, Mais ce fut en 1997, puis 1999, que deux programmes lancèrent véritablement la mode de la « télé-réalité » , avec la suédoise « Expédition Robinson », puis le hollandais « Big Brother », dont allaient s’inspirer respectivement « Koh-Lanta » et Loft Story ». Allait suivre toute une kyrielle d’émissions dont beaucoup soutiennent qu’elles constituent une « télé-poubelle », une « télé-poubelle » de la démocratie même.
Ainsi, la télé-réalité ne nous prépare-t-elle pas à l’univers décrit par George Orwell dans 1984 ou La Ferme des animaux ?
Pourtant, faut-il se joindre à ce concert de reproches ? Ne peut-on relativiser le phénomène, y voir même, par certains côtés, le miroir de notre société ?

En fait, la télé-réalité n’aurait rien à voir avec la réalité. Car comment qualifier de « réalité » le fait d’enfermer, par exemple, des individus vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur plusieurs mois ? Cette situation n’existe pas dans « la vraie vie », hormis la prison. Quelle est alors la réalité de la « télé-réalité » ? « Enfermement, surveillance, récompense » ou « ennui d’une vie à la télé sans télé ».
Mais, au-delà, un professeur de journalisme à la New York University, Todd Gitlin, auteur du Monde entier regarde, tente de répondre :
« Si ces émissions ressemblent à la vraie vie, c’est par leur cynisme », cynisme fossoyeur des valeurs démocratiques, « cynisme » fait de nos instincts les plus bas, que caresseraient