Témoignage : mes souvenirs de louis bouyer
J’ai eu le plaisir et la joie de rencontrer Louis Bouyer à la Paroisse Saint-Louis de Washington aux Etats-Unis (c’est la paroisse francophone). En 1973 j’ai commencé à participer à la vie de la paroisse, et souvent Louis Bouyer y était présent lui aussi. Mais à cause sans doute de ma réserve, et de la sienne, j’ai mis longtemps à découvrir les qualités exceptionnelles de cet homme.
D’abord, j’ai entendu dire qu’il était professeur à l’université catholique de Washington, ensuite qu’il avait écrit plusieurs livres sur les Pères de l’Eglise, qu’il avait été protestant avant de se convertir il y a bien des années au catholicisme, et qu’il était fin connaisseur du monde grec.
Peu à peu, j’ai commencé à lui poser des questions. Pourrait-il me proposer la lecture d’un de ses ouvrages ? Il a préféré me proposer la lecture de «La vie de saint Augustin» par Peter Brown. En fait, le Père ne m’a jamais proposé la lecture d’un de ses ouvrages. Lorsque j’ai exprimé la grande admiration que m’avaient inspirée ses ouvrages, et qu’il devait être un homme de génie, il a répondu en quelques mots. «Je ne suis pas un homme de génie. J’ai simplement dit certaines choses qui avaient besoin d’être dites.»
Pendant notre discussion sur la biographie de Brown, j’ai osé poser cette question. «Saint Augustin est assurément un très grand homme, profondément croyant, dévoué au Christ et à l’Eglise, très savant, travailleur acharné. Mais pour quelles raisons est-il un saint ?» Le Père Bouyer a répondu que cette question était en effet à poser, et qu’il avait personnellement une préférence pour les Pères grecs de l’Eglise. Hélas, il n’a pas précisé les raisons.
Le sujet de la Grèce antique étant soulevé, le Père Bouyer m’a ensuite proposé de lire une anthologie de la littérature et de la philosophie grecques. Dans le contexte qu’avaient créé les prêtres de la paroisse francophone – initier les paroissiens à la recherche