tête et queue du serpent
Du genre humain ennemies,
Tête et Queue; et toutes deux
Ont acquis un nom fameux
Auprès des Parques cruelles
Si bien qu’autrefois entre elles
Il survint de grands débats
Pour le pas
La Tête avoit toujours marché devant la Queue
La Queue au Ciel se plaignit,
Et lui dit :
«Je fais mainte et mainte lieue,
Comme il plaît à celle-ci :
Croit-elle que toujours j’en veuille user ainsi?
Je suis son humble servante.
On m’a faite, Dieu merci,
Sa sœur et non sa suivante.
Toute deux de même sang,
Traitez-nous de même sorte :
Aussi bien qu’elle je porte
Un poison prompt et puissant.
Enfin, voilà ma requête :
C’est à vous de commander
Qu’on me laisse précéder
A mon tour ma sœur la Tête.
Je la conduirai si bien,
Qu’on ne se plaindra de rien.»
Le Ciel eut pour vœux une bonté cruelle.
Souvent sa complaisance a de méchants effets.
Il devroit être sourd aux aveugles souhaits.
Il ne le fut pas lors; et la guide nouvelle,
Qui ne voyoit, au grand jour,
Pas plus clair que dans un four,
Donnoit tantôt contre un marbre,
Contre un passant, contre un arbre;
Droit aux ondes du Styx elle mena sa sœur.
Malheureux les États tombés dans son erreur!
L’idée principale de cette fable est que dans un État la fonction du dirigeant ne doit pas être contestée, le peuple doit simplement suivre. La tête et la queue sont deux parties distinctes. La tête représente l’État alors que la Queue représente le peuple. Dans la fable, la Tête dirige toujours tout, et la Queue ne peut que suivre. À force, la Queue en a marre, elle considère qu’elle est l’esclave de la Tête. Un jour, la Queue se plaint au Ciel. Elle lui dit qu’elle voudrait à son tour commander. Le Ciel écoute ses plaintes et décide d’exaucer son vœu. La Queue passe donc au commande mais elle n’a pas de yeux, elle n’y voit rien et passe son temps à se cogner partout. Elle se retrouve finalement dans le fleuve Styx. Le fleuve des enfers dans la mythologie grecque.