Un hommage bre silien a Colette Pe tonnet
« Tu n'as jamais voulu être "enseignante" (je le sais bien), et, pourtant, tu as laissé ton empreinte sur un tas d´excellents étudiants.
Tu revendiques des origines paysannes, et, pourtant, tu écris avec une élégance aristocrate.
Tu as eu l´expérience de "l´exotique" plus longue et plus profonde que la plupart d´entre nous
(au Maroc), et, pourtant, tu as inventé l´anthropologie de chez soi ».
Pionnière de l’anthropologie urbaine en France, Colette Pétonnet (1929-2012) a exercé une influence novatrice sur le champ de l’ethnologie française tout au long de sa carrière. De ses explorations parmi le « petit peuple » en banlieue parisienne aux réflexions inspirées par les églises pentecôtistes à Harlem (Etats-Unis), de son « observation flottante» dans un cimetière parisien à l’analyse des égouts de la ville, des subtilités des relations interclasses et interraciales au jeu (et jouissance) de l`anonymat dans la rue, Pétonnet s’est fixée sur la socialité vivante de la ville que seul le regard ethnographique saurait décrire. Chercheur au CNRS depuis 1969, et professeur invitée à l’Université de Nanterre, elle a formé dans son équipe une génération d’étudiants qui a su bâtir, dans le dialogue avec d’autres écoles en France et à l’extérieur, une façon propre de penser l’espace urbain.
L’originalité de la perspective de Pétonnet accompagne une carrière peu ordinaire. Après une première expérience d’études supérieures à l’Université de Poitiers, elle part vivre et travailler pendant sept ans au Maroc où, ayant appris l`arabe, elle s`est immiscée dans la vie quotidienne de la population locale. Au retour de cette expérience (sur laquelle on ne trouve que des mentions éparses, à titre comparatif, dans ses monographies postérieures), elle prend ses premiers contacts avec l’ethnologie. Entrée au Centre de formation aux Recherche ethnologiques
(CFRE) au Musée de l’Homme, elle part avec André Leroi-Gourhan faire une enquête de terrain
auprès