Vous constituerez une anthologie portant sur les fleurs du mal et vous en rédigerez la préface
Lire Baudelaire au XXIe siècle, il y a de quoi s’interroger. En quoi de la poésie vieille d’un siècle et demi peut-elle encore intéresser les lecteurs ? La poésie de Baudelaire a-t-elle vraiment sa place dans ce monde mécanisé et informatisé ? Entre les catastrophes naturelles et la course au « toujours plus », lire Baudelaire parait un peu incongru.
Alors pourquoi lire Baudelaire ?
Parce que c’est beau. Baudelaire a derrière lui le romantisme et le parnasse, deux mouvements littéraires dont il s’inspire. Son recueil, Les Fleurs du mal, est d’ailleurs dédié au chef de file des parnassiens, Théophile Gautier. Mais Baudelaire refuse l’étiquette. Ainsi ses poèmes ne sont ni romantiques ni parnassiens. Un peu des deux sans doute, bien que certains, comme « L’Homme et la mer » (XIV, Spleen et Idéal), appartiennent à ce que l’on appelle le romantisme noir. Baudelaire ignore qu’il est en train de forger le symbolisme, mouvement littéraire qui suivra. C’est pour cela que sa poésie est si belle. Parce qu’elle est neuve et sans prétention. Selon Baudelaire, « la poésie n’a pas d’autre but qu’elle-même ». La sienne est sans engagement. Elle se doit d’être belle car c’est ce qui la définie, comme l’indique le poète dans « Hymne à la Beauté » (XXI, Spleen et Idéal). Baudelaire recherche le beau qui pour lui « est toujours bizarre ». « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fais de l’or » disait-il. Alors oui c’est beau. Les Fleurs du mal sont pleines de couleurs, de parfums et de sons qui sortent des mots. Les poèmes du recueil sont autant de voyages vers l’idéal qu’au plus profond du spleen. Certains mêlent les deux, comme « Harmonie du soir » (XLVII, Spleen et Idéal) où les sonorités semblent joyeuses tandis que les mots sont mélancoliques.
On peut lire Les Fleurs du mal juste pour le plaisir des yeux et de l’ouïe. Baudelaire utilise sans cesse les mêmes termes, si bien que son