Une vision de l'homme : decrire, c'est devoiler l'homme
La description d'une personne, ou plutôt d'un personnage de roman c'est ce qu'on appelle un portrait. A lui seul, il constitue un genre littéraire. Il suffit de relire La Bruyère... Mais ce n'était pas un romancier ! Le portrait trouve néanmoins toujours sa place dans les récits romanesques. On peut même dire que beaucoup de romans sont centrés sur le portrait, et souvent sur un seul individu ! L'auteur nous propose une multitude de détails qui nous permettent de reconnaître ce personnage parmi mille autres ! La pointure d'un personnage, ses mensurations, son poids, et même son groupe sanguin peuvent jouer un rôle déterminant, comme dans le roman policier, par exemple. Dans les thrillers ou les romans d'espionnage, aussi. La description permet de dévoiler l'intimité de l'homme. Décrire, c'est interpréter le réel, c'est le dévoiler...C'est mettre à jour un caractère, mettre en valeur une personnalité pour l'exposer à la vue du lecteur. C'est révéler, porter à la connaissance du lectorat, la nature profonde des sentiments d'une personne. Crébillon, [de son vrai nom Claude Prosper Jolyot de Crébillon, dit Crébillon fils -1707-177] dans « Les égarements du cœur et de l'esprit » (roman publié en 1736) raconte les aventures d'un jeune homme de dix sept ans, Monsieur de Meilcour : l'auteur nous fait voir avec complaisance les faux-semblants, les manipulations perverses de la séduction amoureuse ainsi que la corruption des cœurs de son époque... Le comte de Versac, un libertin de l'aristocratie aux talons rouges, annonce déjà le personnage de Valmont dans les « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos [1741-1803] roman épistolaire publié en 1782. Le poète Charles Baudelaire, frappé par le machiavélisme et la perversion voyeuriste des personnages de ce roman épistolaire s'exclamait : « Ce livre, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace.» Décrire, c'est essayer d'expliquer les mobiles plus ou moins apparents du comportement des