Unités allemandes et italiennes
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Alors que la France et la Grande Bretagne affirment au second XIXe siècle leur puissance politique, économique et culturelle à travers leur légitimité d’Etats-Nations historiquement constitués, l’espace germanique et la péninsule italienne, malgré des rattrapages économiques prometteurs et des amorces de modernisation, restent condamnés à un morcellement géographique qui freine leur transition vers la modernité. Présent dés le début du XIXe siècle, le sentiment national ne restera pendant une longue période qu’au stade de l’idée dans ces entités politiquement fractionnées, mais socialement de plus en plus rassemblées qui conduisent à l’unification en 1871 : en quelques décennies, les différentes entités qui composent les deux pays ont fusionné en un seul grand état-nation. Outre la similitude chronologique, ces pays semblent partager des expériences communes, comme la naissance de mouvements nationaux contre les grandes puissances européennes et notamment l’Autriche, ainsi que l’expression révolutionnaire du sentiment national au printemps 1848, qui, s’il est un échec commun aux italiens et aux allemands, est le point de départ de leur unification respective. Enfin, l’émergence de grands dirigeants nationaux, Bismarck et Cavour, érigés en véritables héros de l’unité allemande ou italienne, est un autre trait commun de ces deux unifications. L’existence d’un parallélisme entre les deux pays semble donc indéniable à première vue. Mais sont-elles pour autant comparables en tout point ? L’origine, les moyens mis en œuvre et le déroulement des opérations est-il le même dans les deux cas ? En premier lieu, les unités allemandes et italiennes puisent des origines communes dans les idées du premier 19ème siècle et dans l’échec du printemps des Peuples en 1848. Dans les deux cas, c’est une unification par le haut, donc par les dirigeants, mais dont les modalités varient d’un pays à l’autre, qui est préférée. Enfin, la marche vers l’unité en elle-même se fera de