Version Memoires d'une Geisha
J’acquiesçai d’un léger salut et nous prîmes ensemble l’allée qui menait au parc Maruyama. - Si Nobu-san veut me convaincre qu’il n’est pas en colère, fis-je, il devrait se comporter de façon plus amicale et non comme une panthère que l’on affame depuis des mois. Pas étonnant que vous inspiriez autant de terreur chez la pauvre Takazuru. - Elle vous a parlé c’est ça ? Dit Nobu. Si elle n’était pas si exaspérante... - Si vous ne l’aimez pas, pourquoi la réclamez vous à chaque fois que vous venez à Gion ? - Je ne l’ai jamais réclamée, pas même une fois ! C’est sa grande sœur qui me l’impose à chaque fois. C’est déjà assez agaçant que vous me la rappeliez mais en plus vous allez profiter de notre rencontre fortuite pour m’obliger à l’aimer par culpabilité. - En réalité Nobu-san, notre rencontre ne doit absolument rien au hasard, ça fait des semaines que je flâne dans cette allée dans le seul but de vous trouver. Cela sembla faire réfléchir Nobu car nous marchâmes en silence pendant quelques instants. Finalement il repris : - Je ne devrais pas m’en étonner. Vous êtes la personne la plus sournoise que je connaisse. - Nobu-san ! Que devais-je faire d’autre ? Rétorquai-je. Je pensais que vous aviez complètement disparu, je n’aurais peut-être pas su ou vous trouver si Takazuru n’était pas venue me voir en larmes me dire à quel point vous la maltraitez. - Ma foi, j’ai peut-être été un peu dur avec elle. Mais elle n’est pas aussi intelligente que vous—ni aussi jolie d’ailleurs. Si vous pensez que je vous en veux, vous avez bien raison. - Puis-je vous demander ce que j’ai fait à un vieil ami pour le fâcher autant? »
A ces mots, Nobu s’arrêta et tourna vers moi regard terriblement triste. Je senti monter en moi une tendresse que je n’ai éprouvée que pour très peu