Victor hugo, charles cros, henri michaux et paul reverdy
Sujet 1 : commentaire de texte
Introduction : Le poète doit-il être, avant tout, un guide pour les autres hommes ou l'interprète de ses propres souffrances ? Michaux dans Passages, rédigé en 1963, et Reverdy, en 1959, dans La Liberté des mers, insistent sur le fait qu'ils écrivent d'abord pour exprimer leur mal-être. Peut-on réellement considérer que l'écrivain qui utilise la poésie pour s'épancher peut également intervenir sur le sort commun ? Les « premières impressions » d'un poète peuvent-elles être en accord avec le constat qu'il est « tard dans la vie » d'un autre ?Après avoir constaté que les deux auteurs se rejoignent dans l'évocation d'une existence fondée sur des oppositions, nous analyserons leur originalité en montrant qu'elle se situe dans leurs modalités d'expression. Puis, nous constaterons qu'elle repose également dans leur conception même du rôle de la poésie.
I. Deux existences qui reposent sur des oppositions…Les deux poètes s'inscrivent dans un univers fondé sur les oppositions.
1. Deux poètes qui s'opposent au mondeIls se heurtent d'abord au monde, comme l'indiquent les images de violence. Michaux, en effet, évoque l'« étau », les « piques », les « angles », « le poids et l'encombrement des choses » qui l'agressent. Reverdy, lui, souffre du « dur », de l'« absence », du « néant » et parle de l'« entaille » qui le blesse (v. 12). Les deux poètes semblent écrasés : le pronom personnel « me », répété, est l'objet du verbe « noyer » pour le premier ; le « je » du second est sujet de verbes d'état ou lié à des antithèses (v. 1-2), à une négation (« Je ne suis nulle part »), qui indiquent son malaise.
2. Deux êtres qui se distinguentToutefois, les deux poètes diffèrent, dans leur être même. Le moi de Michaux est peu présent ; il n'apparaît que dans le vers 1 (« je »), comme sujet et poète, dans les vers 3 à 5 pour évoquer sa volonté de se libérer (« me »), dans les possessifs des vers 5, 6 et 23 qui rappellent ses difficultés