Victor hugo les châtiments " l'expiation "
Paradoxalement, le récit de cette défaite de Napoléon participe à l'évocation grandiose du mythe napoléonien, auquel Victor Hugo, comme bien d'autres dans son siècle, n'est pas insensible : fils de général d'empire, il déclara : " J'aurais été soldat si je n'avais été poète. "
Sa reconstitution historique, fidèle quoique réalisée trente-cinq ans après l'événement ( la défaite de Waterloo date de juin 1815 et Victor Hugo est né en 1802), utilise donc toutes les ressources de la poésie épique et de son enthousiasme sincère pour en faire une véritable tragédie héroïque.
Le cadre et les circonstances de la bataille apparaissent explicitement dans le passage. La "plaine " de Waterloo (v. l), située dans la plate Belgique, est entourée de plateaux, comme le rappelle le "mamelon" qui dissimule la Garde (v. 10), et qui était la colline de la Belle-Alliance. L'image du "gouffre " (v. 3) traduit l'étroitesse des lieux, préjudiciable à Napoléon car, malgré sa supériorité numérique, il dut aligner un front beaucoup plus réduit qu'à Austerlitz. Une allitération en [m] souligne au vers 10 l'attente de la Garde, prête à s'élancer sur ordre : " Derrière un mamelon la garde était massée. "
Les adversaires en présence, Français et Européens coalisés (Prussiens et Anglais essentiellement), sont identifiés par 1' "empereur " (v. 20), "la garde impériale " (v. 23) et les divers noms de soldats pour les premiers, par "la mitraille anglaise " (v. 22) pour les seconds.
L'artillerie de Wellington décima la Garde, corps d'élite créé en 1804 et qui compta jusqu'à 120000 hommes en 1814,