Victor hugo
La description des vents s'organise autour de leurs trois caractéristiques principales : la multitude, le mouvement et la force.
[1. Leur multitude]
La description des vents est destinée à opposer Gilliatt, seul dans sa lutte, à la multitude des vents, que Victor Hugo évoquera plus loin par les mots « horde » et « légion ». Dans notre passage, il n'utilise aucun de ces singuliers collectifs, mais exclusivement des pluriels. Toutes les phrases, à deux exceptions près, ont un sujet au pluriel, qui est toujours le même, « les vents » comme dans la première phrase, puis le pronom « ils » dans le reste du texte, plus rarement un autre substantif (« ces hurleurs »).
Cette impression de multitude est renforcée par celle de la variété, suggérée par la richesse des sensations auditives. Les bruits des vents sont, en effet, décrits comme des sons d'instruments de musique réunis pour former une fanfare : « toutes les voix amalgamées des clairons, des buccins, des olifants, des bugles, des trompettes ». Sous la variété des termes de cette énumération apparaît certes l'unité du champ lexical, puisque tous ces instruments à vent servent à la chasse ou à la guerre, qui sont elles-mêmes des activités voisines, ayant toutes deux pour but de donner la mort. Mais ce sont les connotations qui créent la variété. A côté des clairons et des trompettes, usuels dans toutes les armées, les olifants évoquent le Moyen Âge et La Chanson de Roland, en particulier le moment où le preux se résout à sonner de son olifant pour appeler Charlemagne à son secours. Les buccins rappellent le passé encore plus lointain des conquêtes romaines. Pour les bugles, utilisés dans la musique militaire, la connotation n'est ni historique ni littéraire, mais linguistique, car ce mot, de la même famille que « beugler », fait entendre des sons à la fois intenses, prolongés et désagréables. Une énumération introduit des oppositions dans cette variété : dans la première phrase,