Villes globales
Introduire le concept de ville globale
de la longue histoire économique mondiale questionne les conditions particulières de son avènement. L’une des caractéristiques de la phase actuelle est la montée en puissance des technologies de l’information et l’augmentation de la mobilité et de la liquidité du capital qui l’accompagne. La dynamique économique transfrontalière – qu’elle prenne la forme de mouvements de capitaux, de marchandises, de matières brutes, de touristes ou de flux de main d’œuvre – ne date pas d’hier. Toutefois, le système économique international qui servait dans une large mesure de cadre à ces échanges se trouvait confiné à l’espace interétatique ; les Étatsnations faisaient alors office de rouages incontournables. Cette situation a radicalement changé durant les vingt dernières années à la suite de privatisations, de dérégulations, de l’ouverture d’économies nationales aux entreprises étrangères et de la participation accrue d’acteurs économiques nationaux aux marchés globalisés. Dans ce contexte, le démantèlement partiel ou, du moins, l’affaiblissement du cadre national et le renforcement du phénomène de globalisation qui va de pair, font apparaître des conditions favorables à l’émergence de nouvelles échelles spatiales. Parmi celles-ci, l’unité infra-nationale, qui comprend notamment les villes et les régions, se distingue de l’espace régional transfrontalier qui s’étend au moins à deux unités infra-nationales. Les entités supranationales dessinent quant à elles les contours de marchés digitaux globalisés et de grands ensembles de libre marché. En principe, il devrait donc être possible
HAQUE PHASE
Raisons politiques, n° 15, août 2004, p. 9-23. © 2004 Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
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dossier
10 – Saskia Sassen
de distinguer parmi les différentes dynamiques territorialisées celles qui le sont à l’échelle régionale, à l’échelle nationale et à l’échelle globale. C’est dans ce contexte