Villes tentaculaires ou maîtrisées (europe 1850-1914) ?
INTRODUCTION
La deuxième moitié du XIXème siècle ainsi que la première décennie du XXème est marquée par une période de forte industrialisation en Europe. Cette industrialisation est corrélée avec une forte croissance de l’urbanisation. On retient ici comme seuil de l’urbain, celui fixé par Paul BAIROCH à 5 000 habitants. Cette période marque le début d’une nouvelle conception de la ville : Avec la destruction des murailles et fortifications, on passe de la ville close à la ville ouverte. S’ajoute à la définition de la ville comme une zone de population agglomérée associée à la présence d’élites locales, l’idée d’un rôle économique prépondérant de la ville. Cette idée est très claire avec la création spontanée de villes ex-nihilo pour répondre aux besoins de l’industrie. Mais c’est aussi le périmètre de la ville qui change avec l’extension vers le périmètre des banlieues. On peut donc se demander si cette croissance urbaine anarchique qui a lieu au XIXème siècle suscite une réflexion autour d’une politique urbaine : Comment parvenir à maîtriser les mouvements, les flux au sein d’une pensée urbaine, globale ? Les modifications que subit la ville industrielle à l’ère capitaliste sont en effet importantes et poussent au développement, à l’instauration de politiques de rationalisation du chaos urbain.
I – LA VILLE INDUSTRIELLE DE L’ERE CAPITALISTE
La ville industrielle de l’ère capitaliste suscite étonnement et crainte face à la croissance et aux modifications de la vie urbaine que cela implique. On en retrouve des traces dans des romans comme Le Ventre de Paris et La Curée de Zola, troisième roman de la série des Rougon-Macquart. Le poète Emile Verhaeren, auteur de l’expression de « ville tentaculaire », décrit ainsi la ville comme « une pieuvre ardente », un monstre actif et très fort. Ces représentations de la ville marquent l’inquiétude des contemporains face au développement des villes