Voe des femmes : ronald inglehart
L’article est scindé en deux parties principales : la première dresse un historique et les hypothèses de travail ; la seconde s’intéresse aux résultats des enquêtes par sondages notamment qui permettent de valider ou non les hypothèses de départ retenues.
Après la seconde guerre mondiale, période à laquelle la quasi-totalité des pays européens avaient accordé le droit de vote aux femmes, la doxa en science politique insistait sur le fossé entre le vote des hommes et celui des femmes : celles-ci votaient plus à droite. Depuis les années 1980, cette différence entre les sexes semble s’être estompée. A l’inverse, aux Etats-Unis, la trajectoire de nombreuses femmes passées au Parti Démocrate et à l’inverse de nombreux hommes passés au Parti Républicain recréent un gender gap mais à l’envers du précédent : les femmes voteraient plus à gauche que les hommes. L’article s’interroge sur les conditions – sont-elles structurelles au sens de communes à l’ensemble des pays (montée du salariat féminin etc) ou spécifiques aux Etats-Unis (faiblesse du clivage de classe, importance démesurée des questions d’avortement ou de discrimination positive) ? Cette étude ne s’intéresse qu’au vote et non aux autres dimensions politiques (militantisme, attitudes et opinions etc).
L’idée principale de l’étude est alors d’étudier pourquoi aux Etats-Unis, et dans de nombreux pays d’Europe, les femmes votent majoritairement à gauche depuis les années 1990 (à l’inverse de sociétés post-communistes ou de pays en développement ou elles continuent à voter plus à droite).
La raison principale avancée est que des tendances structurelles et culturelles ont transformées les cadres de valeurs des hommes et des femmes. Si auparavant les femmes évoluaient, de manière souvent contrainte, exclusivement dans un cadre familial, leur arrivée sur le marché du travail, leur scolarisation de plus en plus âgée et les changements progressifs de leurs