Yahoo! se cherche
En mars 2010, Yahoo! fêta ses quinze ans. À première vue, sa situation était enviable : Yahoo! bénéficiait de la deuxième audience sur Internet aux États-Unis, après Google. Yahoo! News était le premier portail d’actualités généralistes au monde, avec 50 millions de visiteurs uniques par mois. Le service de messagerie Yahoo! Mail comptait 320 millions d’utilisateurs (dont plus de 6 millions en France et plus que Hotmail de Microsoft aux États-Unis). Les sites Yahoo! Finance, Yahoo! Sports, Yahoo! Jeux et Yahoo! Questions/Réponses figuraient chacun parmi les trois premiers mondiaux dans leur domaine, et la participation dans le site de commerce en ligne chinois Alibaba était très largement profitable. De fait, Yahoo! annonça que son bénéfice net au premier trimestre 2010 avait plus que doublé sur un an, dépassant les 310 millions de dollars. L’entreprise comptait alors 14 100 employés.
Pourtant, derrière ces succès apparents, la situation de Yahoo!était extrêmement préoccupante : beaucoup d’observateurs lui reprochaient une absence de vision stratégique, qui se traduisait par un arrêt quasi complet de sa croissance.
Les premiers symptômes de ce problème étaient apparus moins de quatre ans auparavant, en novembre 2006, lorsque Brad Garlinghouse, jeune manager chez Yahoo!, avait rédigé une note interne à l’attention des dirigeants de l’entreprise.
Le mémo de la tartine beurrée
Dans sa note, Brad Garlinghouse affirmait que Yahoo! dispersait ses ressources de manière excessive, comme du beurre sur une tranche de pain. Voici quelques extraits de cette note :
Il y a trois ans et demi, j’ai rejoint Yahoo! avec enthousiasme. L’ampleur des opportunités n’avait d’égal que l’ampleur des ressources. J’étais fier de faire partie de l’équipe incroyable qui a reconstruit Yahoo!.
Pour autant, tout ne va pas si bien…
J’imagine que les défis auxquels nous sommes confrontés font l’objet de nombreuses discussions au sein de la direction générale. Au risque de