Zazie dans le métro, des noms jouant avec le langage
Finalement meilleure façon de définir les personnages de Queneau, c’est sans doute de se baser sur leurs noms :
●Jeanne la Lochère = ne réminiscence de Jeanne d’Arc ? personnage préféré de Queneau… mais c’est assez peu crédible, car Jeanne est loin d’être pucelle. Nom de famille plus intéressant : « La Lochère » = du verbe « locher » en argot (patois cauchois) qui signifie « faire tomber les fruits de l’arbre », mais aussi « branler », « secouer », « être mal fixé » et visiblement elle est loin d’être fixée en ce qui concerne sa vie amoureuse (elle semble aller d’un Jules à l’autre, aux dires de Zazie)
●Trouscaillon = dans le même registre = « trousser la caille » = donc soulever les jupons des filles, et quand on voit l’assaut subie par Marceline, la course-poursuite de Zazie et la veuve Mouaque. Film souligne ce côté coureur de jupons en le représentant obnubilé par l’apparition d’une fausse Marylin.
Mais le personnage a d’autres noms tout à fait truculents :
-Pédro-Surplus = pas forcément étonnant, car ce nom apparaît au moment au moment où Zazie et lui sont au marché aux puces, là où trouve des « surplus » américains.
-Bertin Poiret = nom d’une rue à Paris
-Aroun Arachide = Haroun Al Rachid = personnage des 1001 Nuits = véritable tueur dans le conte, et ça se vérifie dans le roman comme dans le film, puisqu’au final il revient armé, menace tout le monde et tue la veuve Mouaque.
●La veuve Mouaque = « moi » = égo surdimensionné « mouaque comme tout le monde » = sans doute la volonté de Queneau de souligner ce trait partagé par le commun des mortels = égocentrisme, on pense d’abord à soi, donc « moi comme tout le monde ». Nom élucidé au moment de sa mort, car c’est dommage « moi qu’avait des rentes ».
●Gabriel = archange Gabriel, l’archi-guide, mais le pb c’est que dans le roman, c’est plutôt anti-phrastique : Gabriel se révèle un mouvais guide pour les touristes qu’il est censé emmener voir la Ste